À la suite de Bernadette

 

Il y a des témoins privilégiés dans l’Église à qui le Christ confie une mission spéciale et c’est dans le secret de leur cœur qu’ils en portent la responsabilité : Bernadette, la toute petite, ignorante et pauvre, ignorée et inconnue, va nous orienter, nous indiquer la route et nous guider, comme un maître spirituel, sur le chemin des Béatitudes.

Bienheureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux

À 14 ans, elle savait à peine lire et écrire. La famille était marginalisée à cause de sa pauvreté. Dieu parle aux humbles et aux simples de cœur quand il leur promet que les premiers seront derniers et les derniers seront premiers. Rien de moins spectaculaire. Dieu est discret. Il ne s’impose jamais. Il propose, il invite.

Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre

Bernadette porte dans son cœur, sans argumenter, les secrets de Dieu. Elle accomplit sa mission avec amour. Un amour qui remplit son cœur de paix, un amour qui la réconforte et lui donne la certitude d’avoir une mission spéciale sans même être capable de la formuler, de la mettre en mots. Elle prend conscience qu’elle est l’enfant de l’amour de Dieu. Son seul souci est de dire exactement la vérité de ce qu’elle vit, de ce qu’elle voit. Elle le fait avec douceur et en silence même si dans sa famille on se moque d’elle. Le curé essaie de lui faire avouer qu’elle avait rêvé, qu’elle avait imaginé que la belle Dame en blanc lui apparaissait… Plus l’amour est grand, plus il est discret dans son expression. Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre.

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés

Bernadette pleure. Elle va jusqu’à douter d’elle-même. Elle se demande, dans le secret de son cœur, si elle dit la vérité à ceux qui l’accusent d’être une illuminée. Il y a des larmes qui sont des prières. C’est le cœur qui pleure, mais la Vierge la console à travers ses apparitions répétées qui confirment Bernadette dans la vérité. Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous consolerai, je vous procurerai le repos, mon joug est facile à porter, mon fardeau est léger.

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront consolés

Bernadette essuie de nombreux refus. On lui a même défendu d’aller à la grotte rencontrer la Dame qui lui avait donné rendez-vous. À force d’être accusée injustement, elle perdait parfois confiance en elle. Elle portait en silence la grâce et le mystère étonnant d’être isolée à cause de son secret, d’être mise à part pour une mission spéciale. On n’est pas prophète dans son pays. On rit d’elle, on la rejette! Que peut-il sortir de bon de Nazareth?

Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde

Bernadette pardonne à tous ceux qui la trouvent idiote et menteuse à tel point qu’on veut l’enfermer dans un asile. Elle pardonne à tous les représentants civils et religieux qui la questionnent et l’embêtent, pour la confondre, par des questions détournées et tordues comme si on interrogeait une coupable. Et pourtant, elle dit la vérité. Qu’est-ce que la vérité? demande Pilate à Jésus.

Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu

Bernadette porte dans son cœur la lumière d’une certitude que Dieu confie aux âmes simples, privilégiées, qu’il appelle, choisit et envoie. Oui, Dieu nous surprend par ses manières de faire. Bernadette, en toute simplicité, répond à ceux qui l’accusent de mentir : Ma mission est de vous dire ce que j’ai vu et non de vous obliger à y croire. Elle ne voulait par faire de bruit. Elle était toute attentive à la petite voix au fond d’elle-même.

Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu

Bernadette va son chemin sans se singulariser, même si elle attirait des foules qui augmentaient et émerveillaient les gens à chacune des apparitions. Elle ne s’est jamais attribuée ces apparitions. Elle a osé en parler avec beaucoup de modestie. Elle évitait d’être photographiée avec les pèlerins… Elle s’est retirée dans un hôpital chez les sœurs de la Charité pour soigner les malades. Elle y a travaillé 6 ans. C’est là qu’elle a été rejointe encore une fois par le Seigneur. Elle s’est sentie appelée à la vie religieuse. Elle est entrée chez les religieuses sans avoir été invitée par aucune d’elles à le faire. Elle s’est enfermée dans un couvent, loin des lieux des apparitions. La grotte, c’était mon ciel, dira Bernadette au moment de quitter Lourdes pour rejoindre les sœurs de Nevers.

Bienheureux les persécutés pour la justice, car ils verront Dieu

Bernadette, même dans son couvent, est persécutée par ses sœurs pour avoir dévoilé, sans prétention pourtant, en toute confiance fraternelle, le message de Lourdes. C’est là qu’elle comprit, d’une façon plus évidente, ce que la Vierge lui avait dit : Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais en l’autre. Il n’est pas facile d’accepter la différence dans une communauté : elle peut en témoigner!

Conclusion

Voilà le vrai chemin intérieur de la petite messagère de Lourdes, le vrai chemin du bonheur de Bernadette qui nous apprend qu’il n’y a de grandeur que dans le don de soi, et personne ne devient une sainte sans participer, à sa mesure, à la croix. Dieu nous révèle, dans la grotte de Massabielle, à travers le sourire de Marie, son sourire paternel. Ce qui est caché aux sages et aux savants, il le révèle aux petits. À travers le poids de nos doutes, de nos épreuves et de nos inquiétudes, contemplons la Vierge, redécouvrons le message de son Fils, reposons-nous en lui. C’est au pied de la grotte de Rigaud qu’il nous donne rendez-vous pour nous révéler son amour dans le sourire de l’Immaculée Conception et l’humilité de Bernadette, née le 7 janvier 1844 et décédée à 35 ans le 16 avril 1879.