« Servir ses frères c’est régner avec Dieu. » (Madeleine Delbrêl)

 

« Aimez-vous les uns les autres, c’est à ce signe que l’on reconnaît mes disciples…Celui qui dit aimer Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son frère qu’il voit est dans le mensonge », parce que les visages des uns et des autres sont le rayonnement de la gloire de Dieu qui nous habite, que nous portons dans l’ostensoir de notre cœur. Nous sommes les uns pour les autres des porteurs de Dieu! Quelle merveilleuse mission!

Dieu n’est tout de même pas le fruit de notre imagination. On ne l’invente pas! On ne rêve pas au ciel en étant absent de son milieu.

Dieu nous donne rendez-vous, mais il ne nous attend pas dans les nuages. Ne le cherchons pas ailleurs qu’au milieu de nos frères et sœurs. Il est là à nous faire signe dans la présence de l’autre. Il nous appelle à travers ses besoins.

Chacun de nous est un envoyé pour l’autre. Mon frère, ma sœur sont envoyés par Dieu auprès de moi. C’est d’eux que je me reçois. C’est en les accueillant que j’accueille le règne, que j’accueille le Royaume.

Accepter avec grâce la mission d’être au service des autres, demeurer en habit de service tous les jours de sa vie pour vivre librement,  sans contrainte et avec ferveur, la joie des recommencements, le don de la continuité, la grâce de la fidélité.

À l’exemple du Christ, servir les plus blessés, guérir ceux et celles que la vie malmène, redonner joie et courage aux opprimés, aux délaissés, aux oubliés. Aller à la rencontre de Dieu sur les chemins des fragilités humaines et spirituelles. Aller dans les marges, dans les périphéries où habitent les délaissés pour leur révéler qu’ils sont eux aussi les privilégiés de Dieu (Pape François).

Serviteurs inutiles qui ne cherchent pas à être adulés, reconnus, qui, à travers les oubliés, se mettent au service du Père. Serviteurs bénévoles, discrets, amoureux qui ne comptabilisent pas leurs heures de travail, de dévouement.

Gratuité des serviteurs qui donnent leur temps, leur personne, qui prodiguent leur amour!
Gratuité des serviteurs inutiles, apparemment inefficaces, qui ont toujours le temps de donner un sourire, de dire une bonne parole, de jeter un regard d’amitié et de tendresse!
Gratuité humble et calme des serviteurs qui ne sont pas surexcités, nerveux, toujours à la course, divisés entre une multitude d’activités qui égarent et dispersent.

Qui ne se souvient pas de ce jour de grande fête quand le Seigneur est allé rejoindre son Père?

Les apôtres étaient là, bouche bée, étonnés, déconcertés, bouleversés. L’ange est venu leur dire : « Ne restez pas là à regarder le ciel, descendez dans la plaine, allez dire ce que vous avez vu… partez…! »

Et depuis, nombreux sont ceux et celles qui se mettent en route pour aller annoncer cette bonne et joyeuse nouvelle… Être au service de la Parole, c’est annoncer le règne, c’est régner avec Dieu au milieu de nos frères et sœurs. Être soi-même Parole, Bonne Nouvelle, quelle grâce!

Allez, sans même que vos proches saisissent le pourquoi de votre engagement, allez sur les routes des hommes et des femmes de nos villages…, de nos grandes villes…

Le ciel est ici, le Verbe se fait chair au milieu de nous, au cœur de notre humanité, dans le quotidien des gens qui croisent notre chemin. Dieu n’est pas ailleurs que là où il nous appelle à vivre, là où il nous donne des frères et des sœurs à aimer.

Prendre soin de sa sœur, de son frère, c’est régner avec Dieu. Les étreindre, comme le Samaritain, c’est le porter sur son dos, sur son cœur, dans ses bras. C’est se rendre responsable…

Si je ne les vois pas, si je passe tout droit, je manque au rendez-vous de Dieu. C’est parce que mon cœur n’a pas vu, n’a pas senti, n’a pas expérimenté l’indicible joie de la compassion.

Régner avec Dieu dans l’amour, dans le don du dépassement, au milieu de nos frères et de nos sœurs que l’on sert tout simplement, voilà la mission que nous avons reçue au baptême.

Dieu ne nous a-t-il pas aimés et servis le premier par son Fils jusqu’à la croix pour que nous puissions le voir et le reconnaître dans nos frères et sœurs malmenés par la vie. Ils sont pour tous les baptisés la porte du ciel!

Régner avec Dieu, c’est lutter contre tout enfermement, c’est ouvrir les portes de la joie et de la confiance, c’est libérer par un mot, un sourire, un regard ceux et celles que la chance ne visite pas.

« Ne regarde pas tes frères ni tes sœurs pour les juger, mais regarde-les pour prier. » (Madeleine Delbrêl)