Tout en Dieu parle de miséricorde

 

À peine élu, le Pape François prend la parole, une parole inspirée sans doute par l’Esprit, une parole chaleureuse et fraternelle qui change tout et fait sourire l’Église en lui donnant un nouveau visage. «Ne fallait-il pas parler de Dieu aux hommes de leur temps de façon compréhensible», comme le demandait le Pape Jean XXIII à l’ouverture du Concile.

D’un pape à l’autre, c’est du pareil au même, disaient certains malins. «Si on ne peut rien changer dans l’Église, on peut tout de même élargir la miséricorde», dit le Pape François.

Miséricorde! Voilà le mot qui révèle le programme de son pontificat! « Ressentir la miséricorde, c’est un mot qui change tout, c’est ce que nous pouvons ressentir de mieux : cela change le monde!», affirme-t-il.

Alors on ne s’étonne pas que le mot miséricorde revienne trente-et-une fois dans son Exhortation apostolique La joie de l’Évangile.

Deux ans après son élection en mars 2013, le Pape François annonce un Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, une Année Sainte, du 8 avril 2015 au 20 novembre 2016, pour souligner le cinquantième anniversaire du Concile.

C’est alors que s’annonce une nouvelle étape de l’histoire de l’Église. « Le temps était venu d’annoncer l’Évangile de façon renouvelée… L’Église préfère recourir au remède de la miséricorde » (Jean XXIII). « Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne » (Paul VI). Tout en Dieu parle de miséricorde, de compassion, de tendresse. La crédibilité de l’Église passe par le chemin de la miséricorde…

Même avant l’annonce de l’Année Sainte, le Pape dans ses homélies parle de la grâce de la miséricorde « comme étant l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. Il n’y a aucun péché que Dieu ne puisse pardonner! Aucun! » dit-il. « Le temps est venu pour l’Église de retrouver la joyeuse annonce du pardon ». Il parle explicitement de la confession, « sacrement de la tendresse de Dieu, sa manière de nous embrasser ».

Avec ses exemples concrets et savoureux, le Pape François a le don de nous parler des choses de Dieu avec tant de simplicité, tant d’humanité. Il se fait proche de nous : « C’est une grâce, dit-il, de se sentir pécheur »! Il va jusqu’à avouer qu’il est lui-même « un pécheur sur lequel Dieu a posé son regard. » Sa parole est plus qu’un discours, elle est révélation de la présence de Dieu. Tout confesseur doit se laisser inspirer par le père de l’enfant prodigue qui interrompt le discours préparé par le fils qui revient pour « accueillir dans le cœur du pénitent l’appel à l’aide et la demande de pardon ».

« Miséricordieux comme le Père », telle est la devise que le Pape François donne à cette Année Sainte parce que face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché et nul ne peut imposer une limite à l’Amour de Dieu qui pardonne.

« Pourquoi nous est-il si difficile, se demande encore le Pape François, de supporter les défauts des autres ? Oublions-nous que Jésus a supporté tous les nôtres? »

Lorsque le Pape François affirme qu’il n’y a aucun péché que Dieu ne puisse pardonner, que nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu, il confirme ce qu’affirmait Thévenot : « Ne parlons pas de la perfection de Dieu, parlons plutôt de la perfection de sa miséricorde. La perfection de Dieu consiste à admettre l’imperfection. Il s’agit d’envisager une morale qui envisage la perfection qui intègre la perspective de l’échec ».

Par ailleurs, Suzanne Pacot, nous dit qu’il faut « en toute humilité et dans la foi accepter la loi de l’incarnation, la loi de ses limites. Se savoir aimé dans ses limites. Accepter paisiblement et avec douceur ses vulnérabilités, c’est accepter la normalité de l’imparfait en soi et dans les autres ».

Lorsque le Pape François parle de pardon, de miséricorde, il emploie toujours le nous inclusif : « Nous sommes tous pécheurs, nous sommes tous appelés à une conversion du cœur… Seigneur, donne-nous la grâce de nous sentir pécheurs. »

« On ne tombe jamais plus bas que dans les bras de Dieu » (Péguy).

Source :
Voix du sanctuaire 2016 (PDF).