Au cœur du temps de l’Avent – il en est de même pendant le Carême – un dimanche rompt l’austérité de l’attente et nous invite à la joie. En temps de crise et de tristesse que vient faire pareille interpellation?
Relire : Is 61,1-2a.10-11 / 1 Th 5,16-24 / Jn 1,6-8.19-28 – Les textes figurent en fin d’article.
L’invitation est claire
Je tressaille de joie, disait le prophète Isaïe! Mon âme exalte le Seigneur, disait le beau cantique de Marie.
Saint Paul de son côté invitait les membres de la petite communauté qu’il a fondée à Thessalonique à être toujours dans la joie, à rendre grâce en toute circonstance, comme s’ils n’avaient jamais de problème.
Or ici, ce qui ne simplifie pas les choses, il ne faut pas oublier qu’à travers eux, c’est à nous qu’aujourd’hui s’adresse l’invitation : Soyez toujours dans la joie!
Mais sommes-nous toujours dans la joie?
Pas difficile d’imaginer que par les temps qui courent l’atmosphère n’est pas à la joie. C’est même à se demander si ce dimanche de la joie n’a pas quelque chose d’inconvenant.
Un regard serein
Mais attention, la joie n’a rien à voir avec ce que fabrique l’industrie du rire ou de l’humour.
La joie, la joie véritable ne peut être associée qu’à cette qualité d’émotion qui dilate le cœur et nous fait jeter un regard serein et pacifié sur ce que nous sommes et sur ce qui nous entoure.
Quand nous habite la certitude de savoir que Dieu ne peut être vaincu par le mal, il n’est pas étonnant que l’on se sente envahi par un vrai courage, par un optimisme, par une espérance qui donne de regarder la vie droit devant malgré ses laideurs et ses difficultés.
La joie appartient à cette félicité qui ne dépend pas des événements. C’est de cette joie dont parle saint Paul.
Tendre l’oreille
Que ce soit au cœur de nos célébrations, que ce soit en s’arrêtant à un simple passage des Écritures, quand on permet à la parole de Dieu de prendre chair en nous et qu’on veut bien tendre l’oreille, le Seigneur a toujours des confidences à nous faire.
Et aujourd’hui, il veut peut-être simplement nous redire qu’un regard de croyant, sans rien oublier de la tristesse du monde, sait reconnaître la joie de Dieu.
Qui es-tu pour parler de joie?
Mais je sens bien qu’en disant cela, j’entre sur un terrain glissant, un terrain difficile, pas évident, pas plus évident cependant que l’arrivée de Jésus dans la vie des juifs de Palestine il y a 2000 ans, ou dans la vie de son cousin Jean qui baptisait sur les bords du Jourdain.
Les questions à son sujet viennent de tout côté :
Qui es-tu, si tu n’es ni le Messie, ni la réincarnation d’Élie, ni celle de Moïse? De quel droit baptises-tu? Pourquoi baptises-tu?
Or on pourrait tout aussi bien poser les mêmes questions :
Qui es-tu pour parler de joie et de bonne nouvelle annoncée aux pauvres alors que l’insécurité économique galope et que l’appauvrissement des plus fragiles s’accentue de jour en jour? Qui es-tu pour parler d’avenir quand avec toute notre science un virus microscopique réussit à désorganiser la planète?
Une réponse déconcertante
Jean Baptiste avait tout simplement répondu :
Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas, c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de délier la courroie de ses sandales…
Réponse déconcertante, une réponse qui est aussi pour nous aujourd’hui : Au milieu de vous se tient quelqu’un ... que les disciples de Jean-Baptiste ne connaissaient pas, mais que nous, nous avons appris à connaître.
Une présence déconcertante
La réponse à faire est la même, celle de redire sa foi au Christ vivant, celle de redire sa présence, celle de redire l’espérance qui nous habite, cette espérance qui permet de croire que le monde dans lequel nous vivons n’est pas comme une locomotive prisonnière de ses deux rails et qui s’en va à sa perte.
Depuis le tout premier Noël, une immense espérance a été semée au cœur de notre monde.
Une bonne nouvelle à se dire
Le savoir est une bonne nouvelle. Le savoir permet de s’ouvrir à cette dimension de la joie qui spontanément ne saute pas aux yeux.
Par ailleurs pour y arriver nous avons besoin de croiser sur nos routes des témoins qui viennent raviver en nous l’espérance, qui viennent nous redire que le mal, quel qu’il soit ne peut avoir le dessus.
En leur temps Isaïe avait été de ceux-là, Jean Baptiste aussi, saint Paul de même et ceux qui ont cru en leur parole.
Il nous faut encore des témoins dont la joie de croire devient contagieuse.
Nous avons besoin de rencontrer sur nos routes des chrétiens capables d’afficher leurs couleurs, capables aussi de dénoncer ce qui en est l’envers et le contresens.
Nous sommes de ceux et celles savent
C’est ainsi qu’avec lucidité et courage, nous pourrons demeurer dans la joie, car nous sommes de ceux et celles qui savent que Dieu est là tout proche, que Dieu est là avec nous.
Textes bibliques
Tiré de https://www.aelf.org/bible
Isaïe 61:1-2a.10-11
L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.
Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.
Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 5:16-24
Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le; éloignez-vous de toute espèce de mal.
Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.
Jean 1,6-8.19-28
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. »
Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. »
Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens.
Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.