Je les ai vues, ces jeunes juives, s’amuser librement en Israël. Je les ai vues rire, danser, puiser de l’eau, pleines de vie… Je me disais : voilà Marie, la Vierge, celle qui nous a donné Jésus.
Il y a de ces moments où l’on n’a pas à se prendre au sérieux. On est ce qu’on est! On laisse tomber tous ses titres, sa fonction, ses diplômes, ses réalisations, ses lourdes responsabilités qui parfois accablent, pour rire simplement de soi et des autres. On blague avec humilité juste pour le plaisir de rire. On se laisse emporter par un vent de folie ou l’enfance qui n’est jamais si loin refait surface. Comme Marie, comme toutes les jeunes filles de son temps…
Des odeurs de feuilles mortes, de terre fraîche, de récoltes, de silence et d’octobre envahissent en fin de journée les grands espaces intérieurs de notre être. Il y a quelque chose qui se passe et qui nous transforme inconsciemment chaque saison.
Le mois du Rosaire comme le mois de Marie nous enveloppent d’une espèce de tendresse maternelle. Les Je vous salue, Marie s’enfilent à la dizaine à travers les mystères de la vie de Jésus, que l’on reprend, que l’on redit que l’on prie. « Oui, Marie, le Seigneur est avec vous, il est le Fils, il a pris chair de votre chair. »
Prière de détente, de repos et de contemplation. « Ô mère de Dieu, Marie-de-Mai-et-d’Octobre, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort… » Prière des cœurs simples, sans artifice, prière des plus humbles aux plus lettrés, prière des saints et des savants, des jeunes et des vieux, prière de vérité, des pauvres et des riches.
« Je vous salue, Marie » à travers les peines et les joies, les larmes et les rires, prière qui nous fait passer des blagues, de l’humour, de la folie, des apparences et de la légèreté à un autre niveau de la vie, au silence discret, de l’extérieur à l’intérieur de soi, pour saluer en Marie la vie de Dieu qui circule dans le cœur de chacun et de chacune : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni! »
« Sur la route de Bethléem, l’âne conduit par Joseph portait la Vierge : elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle. » (Jules Supervielle) Cet avenir qu’elle portait en elle était destiné à l’avenir de mon bonheur…
Prière
Donne-nous, Marie, l’audace de risquer par amour. Donne-nous la patience de ne pas tout comprendre. Fais de nous des veilleurs pour dépister les signes et les annonces du Royaume. Que la volonté de Dieu se fasse pour que nous soyons, en Église, des fils et des filles bien-aimés toujours à l’écoute des silences de Dieu!
Tu es pour nous, Marie, une servante devenue reine à cause de ton amour. Reine si proche qui nous montre le chemin de la foi et de l’espérance. Reine si pleine de simplicité, partout présente sur les sentiers de l’église, pour nous rejoindre dans les riens de notre vie. Tu es pour nous la route des annonciations et des visitations amoureuses. Que nous te retrouvions, ô Reine, dans les déroutes de nos faibles amours!
Tu es là, Marie, pour que jaillisse la source de la vie dans les déserts du monde! L’homme acceptera-t-il de se rapprocher de sa propre naissance par les chemins de la foi? Après quarante jours, tu viens, comme la Loi l’exige, offrir ton enfant à Dieu. Et à toi, est révélé, une fois de plus, le familier chemin de la douleur. Marie, sur les chemins du Royaume, à bout de bras et dans ton cœur, porte l’humanité jusqu’au Calvaire, pour la délivrer de ses souffrances!
À la fin de cette longue marche, je te prie, Marie, pour tous ceux qui sont tombés sur la route et ne peuvent plus se relever. Ils sont tombés sous les mépris des autres. Ils sont tombés parce qu’ils n’ont jamais été aimés. Marie, ton regard les relèvera. Je te prie pour qu’ils rencontrent ton visage dans les mille et un regards qui les ont fait trébucher. Je te prie, Marie, pour ton enfant que je suis. Garde-moi debout dans mon cœur, même quand le regard des autres me fait chuter. Garde-moi debout dans mon cœur, même quand ma faiblesse me fait trébucher alors que les autres pensent que je suis encore debout.
Source :
Voix du sanctuaire 2022 (PDF).