Thérèse de Lisieux …

Imprimer

... ou la circulation de la Vie divine

L’avenir du monde se joue dans mon cœur

Comme l’affirme le Père Henri Boulad, le message central de l’Évangile consiste à affirmer que l’avenir du monde se joue fondamentalement dans mon cœur.

« Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (Mt 6,10)

Dieu a besoin de mon « oui » pour transformer le monde.

Étonnamment, nous avons le pouvoir de bloquer comme de débloquer l’action de Dieu. Chacune de nos décisions, même les plus secrètes, ont un impact sur l’avenir du monde.

« Quand un enfant joue au bord du lac, et qu’il jette un caillou dans l’eau, la chute de la pierre amène une formation de cercles qui s’élargissent de plus en plus et qui finissent par gagner, à peine visibles, l’autre rive. Eh bien, notre vie est justement le foyer d’ondes de lumière ou de ténèbres, selon notre choix, qui se répandent sur le monde entier. » (Maurice Zundel)

Changer le monde par le dedans

S’il est une personne qui a su réaliser et incarner dans sa vie personnelle le message de l’Évangile, c’est bien Thérèse de Lisieux.

Elle qui avait d’immenses désirs au point de vouloir vivre toutes les vocations, elle comprit que l’Amour était la clé de tout ce qui se fait de bien dans l’Église comme dans le monde entier.

Elle voulut donc être l’Amour, se situer au cœur de l’Église, porter le monde tout entier et contribuer à l’avènement du Règne de Dieu dans le cœur des humains.

Une vie ordinaire… extraordinaire

Thérèse de Lisieux Qu’est-ce qu’a fait Thérèse de Lisieux dans son couvent? Somme toute, des choses bien ordinaires. Ce qui différencie sa « petite voie » et rend sa vie si extraordinaire et féconde, c’est l’amour qu’elle mettait dans son quotidien aux couleurs du don et de l’offrande.

Elle devint ainsi la « Patronne des missions » sans pour autant quitter son couvent! Un regard, une parole, une croix offerte, autant de petits riens qui émettent dans le monde toutes ces vagues de lumière et d’amour. (Maurice Zundel)

« Alors que la sainteté était une affaire d’héroïsme et d’une sévère comptabilité tenue par un Dieu justicier, Thérèse propose une voie toute droite faite de gestes d’amour tout simples. » (Stéphane Bern)

Au cœur du quotidien, des « petits » gestes d’amour qui échappent au regard et qui constituent autant d’occasions de demandes et d’actes d’offertoire. La vie devient ainsi don et prière pour que la Vie divine circule dans l’humanité.

À la rencontre de la soif de Dieu et de l’être humain

Tôt dans sa vie, Thérèse avait saisi l’impact du désir et de la prière. À 14 ans, elle avait prié pour la conversion de Pranzini qui avait égorgé deux femmes et une petite fille à Paris.

Elle reçut le signe extérieur couplé à une confirmation intérieure que ses prières et ses sacrifices avaient contribué au retournement de Pranzini, et ce, avant son exécution.

Pranzini était son « premier enfant » spirituel. À l’occasion de la conversion de Pranzini, Thérèse discerna en toile de fond la soif de Jésus souffrant et crucifié.

« Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
(Mt 18,14)

« Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10,10)

Par amour pour Dieu qui désire communiquer sa Vie à tous, Thérèse décida d’être apôtre par la prière, l’amour et le sacrifice. Elle désirait plus que tout étancher la soif de Jésus comme celle de Dieu.

Thérèse et la compassion de Dieu

Une année après son entrée au Carmel, Thérèse demanda que l’on ajoutât à son nom le nom de la Sainte Face : elle s’appela donc Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face.

Comme le souligne Maurice Zundel, « Thérèse avait entendu le cri de toutes les détresses humaines, elle avait entendu plus profondément encore le cri de la douleur divine et elle voulait collaborer, avec tout l’élan de sa foi et de son amour, collaborer à l’établissement du Règne de Dieu. »

Dans son couvent, au cœur du silence, Thérèse répondit à l’appel de Dieu qui sollicite notre compassion. Thérèse de la Sainte Face contribua à déraciner le mal ultime qu’est le refus d’aimer.

« En communiquant autour de nous, joyeusement et discrètement, la générosité de Dieu, afin que Dieu cesse en nous d’être un Dieu crucifié, qu’il devienne un Dieu Vivant et ressuscité. » (Maurice Zundel)

« Je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l’unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement. » (Thérèse de Lisieux).

« Depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour; il me semblait entendre Jésus me dire comme à la Samaritaine : Donne-moi à boire ! » (Thérèse de Lisieux)

« La création est un échange – ou rien. Elle est un mariage d’amour ou rien. » (Maurice Zundel)

Une offrande de lumière et d’amour

Thérèse de Lisieux décrit la voie que tout être humain est appelé à suivre, peu importe sa vocation, son métier, sa profession ou sa condition.

« Combien de simples croyants ont appris de Thérèse qu’eux aussi peuvent être missionnaires, là où ils se trouvent, dans la vocation que Dieu leur donne et dans les menues choses quotidiennes, par leur charité, leur prière, peut-être leurs croix. » (Conrad de Meester)

Certes, la souffrance n’a aucun sens en elle-même. Le christianisme n’est pas une doctrine qui exalte la valeur morale de la douleur ou de la souffrance.

Seulement, comme le souligne le psychiatre Viktor Frankl, l’être humain a le pouvoir de donner un sens à la souffrance quand celle-ci se présente. C’est même un besoin vital pour lui. Thérèse nous rappelle « qu’enchâssée dans l’amour et la prière, offerte à Dieu par Jésus sur la croix, la souffrance concourt au salut des âmes ». (Joël Pralong)

Il est consolant de savoir que Dieu peut tirer un bien d’un mal, et qu’une vie éprouvée ou souffrante peut être offerte et ainsi contribuer à la circulation de la Vie divine dans le monde entier.

Rappelons ici la réponse de Bernadette Soubirous, asthmatique grabataire, aux murmures de la sœur infirmière :

« Vous êtes un poids pour la communauté! »
« C’est vrai, je suis semblable au poids de la grande horloge qui fait tourner les aiguilles du cadran! »

les aiguilles de la charité (Joël Pralong)

Source :
Voix du sanctuaire 2022 (PDF).

Retour en haut