Place à la Parole qui fait vivre

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La tradition catholique a eu besoin de redécouvrir la grande richesse de la Parole de Dieu. C’est le Concile Vatican II qui a relancé ce thème et lui a donné une impulsion nouvelle.

Parole et lumièreLa Constitution conciliaire Dei Verbum approuvée en 1965 a eu une influence notable pour l’appropriation de la Bible par le peuple catholique et pour placer la Bible comme Parole de Dieu au centre de la vie chrétienne.

La lecture et l’étude de la Bible ont retrouvé de l’importance dans l’Église tout particulièrement depuis ce Concile.

Dernièrement, Benoît XVI a personnellement choisi ce thème pour le synode de 2008. Et ce même thème est remis à l’honneur dans le contexte de l’année de la foi et de la nouvelle évangélisation.

La source se trouve bien sûr dans les Saintes Écritures. Une question se pose aujourd’hui : quelle place accordons-nous à la Parole de Dieu en cette année de la foi ?

Dans les Saintes Écritures : Dieu parle et agit

La Parole de Dieu est une réalité fondamentale de la Révélation de Dieu au cours des siècles.

Par sa Parole, Dieu se communique à son peuple. Pour le peuple juif, Yahvé est un Dieu qui parle, tandis que les idoles sont muettes : « Elles ont une bouche et ne parlent pas » (Ps 115,5). Cette satire des « idoles muettes » souligne l’un des traits les plus caractéristiques de Yahvé dans l’Ancien Testament.

En parlant, Dieu se révèle et, en même temps, il agit. La Parole de Dieu est une réalité dynamique et effective, une puissance qui est à l’œuvre dans le monde :

  • Firmament et rayons de soleilDans le psaume 33, on affirme : Il parle et cela est, il commande et cela existe (Ps 33,6.9)
  • Selon le prophète Isaïe, « La Parole qui sort de ma bouche ne me revient pas sans résultat, sans avoir fait ce que je voulais et réussi sa mission » (Is 55,11).
  • Au tout début de la Genèse, elle est présentée comme une Parole créatrice. Elle a présidé au surgissement de l’univers comme on le voit au chapitre premier : « Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut ». Et le Psaume d’ajouter « Par elle (la Parole), tout a été fait et tout continue d’être porté par elle » (Ps 147).
  • La Parole divine est aussi à l’origine de l’histoire humaine comme l’affirment les premiers chapitres de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gn 1,26). La Parole créatrice est à l’origine de l’univers comme de l’histoire humaine.

Abraham, le père des croyants

Avec Abraham, on a le commencement d’une histoire particulière au sein de l’histoire de l’humanité.

Tout a commencé par une Parole qui l’a mis en route : « Dieu lui dit : pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, vers le pays que je te ferai voir. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai » (Gn 12,1-2). Abraham reçoit une triple promesse : la promesse d’une descendance, d’une bénédiction et d’une terre. La parole adressée à Abraham lui ouvre un avenir et inaugure une histoire nouvelle. C’est le début de l’histoire du peuple d’Israël et de l’Alliance que Dieu fait avec son peuple.

Horizon et arc-en-cielAbraham accueille cette Parole qui est en même temps une Parole d’Alliance et il y répond en se mettant en route, avec sa famille. Abraham devient ainsi le Père des croyants, comme on le répétera par la suite.

La circoncision deviendra Le signe de l’Alliance biblique dès Abraham, le premier à entrer dans l’Alliance : « Votre circoncision sera le signe de l’Alliance établie entre vous et moi » (Gn 17,11).

À partir d’Abraham, la Parole de Dieu continue à s’insérer au plus profond d’une histoire, au sein d’une expérience de relation d’un peuple avec son Dieu, d’un compagnonnage de Dieu et de son peuple. L’alliance biblique sera par la suite confirmée avec Moïse après la sortie d’Égypte.

Cette relation d’Alliance basée sur la Parole de Dieu amènera Israël à découvrir progressivement un visage nouveau de Dieu, de plus en plus surprenant. Un Dieu qui a le visage de la miséricorde, de l’amour et du salut universel.

Une Parole portée par les prophètes

Les prophètes, des hommes inspirés, non pas pour prédire l’avenir, mais pour guider le Peuple de Yahvé en lui communiquant les volontés de Dieu.

ProphèteEn tous les siècles, Dieu a parlé par des prophètes ou par d’autres porte-parole, hommes choisis avec mission de transmettre sa Parole. La façon extraordinaire dont la Parole surgit en eux fait qu’ils en attribuent l’origine à Dieu. Cette conviction est fondée sur l’expérience mystique d’un contact immédiat avec Dieu.

Tout vrai prophète a vivement conscience qu’il n’est qu’un instrument, que les mots qu’il profère le dépassent. Il a la conviction inébranlable qu’il a reçu une Parole de Dieu et qu’il doit la communiquer.

D’abord aux Rois et aux chefs d’Israël afin de leur rappeler de gouverner selon le droit et la justice, et de protéger les petits, comme la veuve et l’orphelin. Ensuite, la Parole divine est un message à transmettre aussi au peuple de Dieu tout entier. Les pensées ou les volontés de Dieu sont ainsi communiquées à tous.

À noter que dans le livre du prophète Isaïe, l’universalisme religieux s’affirme pour la première fois : tous les peuples sont appelés au salut. Le Dieu créateur est en même temps un Dieu sauveur pour tous. C’est là une vérité qui ne peut venir de la seule pensée des hommes.

Comme il est affirmé en 2 P 1,21 : « Aucune prophétie de l’Écriture ne vient d’une intuition personnelle. En effet, ce n’est jamais la volonté d’un homme qui a porté une prophétie : c’est portés par l’Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu ».

Une Parole célébrée dans les Psaumes

La Parole de Dieu est chantée et célébrée dans les Psaumes. En effet, le psautier est le recueil des prières et chants religieux d’Israël.

Pour Israël, Dieu parle dans la cérémonie liturgique de leurs chants et prières. Plusieurs psaumes contiennent des affirmations sur la Parole de Dieu. Par exemple, le psaume 118 (119) de 176 versets est une longue louange de la Parole de Dieu.

On y trouve, entre autres, cette magnifique exclamation : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118,105).

Dans ce psaume, l’expression « ta Parole » côtoie une grande variété de synonymes au plan biblique comme ta loi, ton enseignement, ton précepte, ta volonté, ton commandement, ta promesse, ta volonté, etc. De fait, il s’agit d’un éloge de la loi divine en tant que Parole de Dieu et enseignement révélé à son peuple.

Jésus, le Verbe fait chair

L’Évangile de Jean contient des expressions très fortes sur Jésus comme Parole de Dieu. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). En Jésus, le Logos, la Parole divine devient visible, saisissable. Pour nous, chrétiens et chrétiennes, Dieu s’est fait Parole en Jésus Christ.

Jésus-ChristLa Parole éternelle et divine entre dans l’espace et le temps. Il s’incarne dans notre humanité et assume notre condition mortelle. Toute la vie de Jésus, son message, ses actions, sa mort et sa résurrection sont pour nous Paroles qui interpellent, entraînent et mettent en marche.

En Jésus, la Parole de Dieu est donnée pleinement une fois pour toutes. Jésus est Parole de Dieu en personne. Il est la parfaite révélation de Dieu et de son projet de salut et de vie. « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9) dit Jésus.

La vie de Jésus et ses paroles (c.-à-d. les évangiles) constituent la révélation suprême du Dieu invisible. L’évangéliste affirme : « Personne n’a jamais vu Dieu; le fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (Jn 1,18).

Dès l’Ancien Testament, c’est Lui qui se manifestait secrètement sous les dehors de la Parole agissant dans son peuple. Mais au terme de ce temps, ce Verbe est entré ouvertement dans l’histoire en se faisant chair.

Le Verbe manifesté au monde est désormais au coeur de l’histoire humaine : avant lui l’histoire tendait vers son incarnation, après sa venue, elle est tendue vers son triomphe dans le Royaume de Dieu. Jésus, Verbe de Dieu, est au centre de l’histoire. À tout homme, le Verbe parle et il attend une réponse. Qui croit en lui et l’accueille, entre par lui dans une vie d’enfant de Dieu.

Dieu parle par son Fils : l’épître aux Hébreux

Avec la révélation chrétienne, la Parole de Dieu acquiert une autre résonance, même si les principaux aspects de l’A.T. sont encore présents.

Le début de l’épître aux Hébreux résume bien les phases de l’intervention de la Parole de Dieu dans notre monde : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères (i.e. aux ancêtres) par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a créé les mondes (…) Ce Fils qui porte l’univers par sa parole puissante » (Hé 1,1-3).

Plus loin, l’auteur de l’épître aux Hébreux affirmera : « Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit … Elle peut juger les sentiments et les pensées des Cœurs » (Hé 4,12).

À noter qu’en Jésus Christ, la Parole de Dieu est concentrée de manière insurpassable. Jésus n’est pas un porte-parole comme les autres; il est Fils et ainsi il est la Parole même de Dieu (cf. Jn 1,1) « Dieu nous a parlé par son Fils » (Hé 1,2).

Le sens du verbe parler, dans le monde sémitique, c’est instituer une relation personnelle avec quelqu’un, une communication interpersonnelle, une relation de dialogue.

Par la parole, Dieu se révèle pour en arriver à une communion d’existence avec l’être humain. C’était le but de l’alliance du Sinaï, c’est aussi le but de la nouvelle alliance établie dans la mort et la résurrection de Jésus. En Jésus Christ, la relation de Dieu avec l’homme a atteint sa plénitude. Tout a été dit! À nous d’assumer ce dialogue par toutes nos réponses quotidiennes.

Luc, l’évangéliste de la Parole de Dieu

Il est aussi remarquable de constater que Luc est l’évangéliste par excellence de la Parole de Dieu. Luc met l’accent sur la première place que doit occuper la Parole de Dieu dans la vie des chrétiens et chrétiennes. Selon l’exégète Yves Guillemette, deux récits en sont une bonne illustration : la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35) et la visite de Jésus chez Marthe et Marie (Lc 10,38-42).

L’attitude de Marthe et Marie

Marthe et MariePrenons le cas de Marthe et Marie qui accueillent Jésus pour dîner. Marthe s’affaire avec fébrilité à la préparation du repas tandis que Marie se tient en compagnie de Jésus.

Marthe est exaspérée d’assumer seule la préparation du repas et elle reproche à Jésus d’accaparer sa sœur.

La réponse de Jésus rappelle à Marthe que Marie a choisi la meilleure part.

Quelle est cette meilleure part? Regardons l’attitude de Marie : elle est assise aux pieds de Jésus et l’écoute. C’est la position qu’adopte tout disciple à l’égard de son maître.

Ainsi la meilleure part consiste à placer, au cœur de sa vie, l’écoute de la parole de Jésus. En fait, Jésus est la part de choix que les chrétiens doivent acquérir, parce que sa parole est la lumière qui les guide dans leur vie.

Les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

Disciples d'EmmaüsLe récit des disciples d’Emmaüs révèle une autre fonction de la Parole dans la vie des chrétiens après la résurrection de Jésus.

Cette fois, l’écoute attentive de la Parole du Christ Jésus est la manière privilégiée d’accueillir le Ressuscité comme compagnon sur la route de la vie.

L’Évangile transmis et proclamé au sein de la communauté chrétienne est une présence bien réelle du Christ à nos côtés.

C’est une présence qui inspire une manière de vivre sa vie chrétienne. Donner, dans sa vie la première place à la Parole de Dieu, c’est inscrire son existence dans une relation de dialogue avec le Seigneur.

La Parole de Dieu dans la communauté primitive

Après l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus, c’est le Ressuscité lui-même qui envoie ses disciples en mission : « Allez, proclamez l’Évangile » (Mc 16,15).

Proclamez la Bonne Nouvelle, soyez des semeurs de la Parole de Dieu. La puissance que possède la Parole divine continue d’agir à travers la parole humaine, avant tout par la bouche des témoins oculaires du Ressuscité.

Véritables serviteurs de la Parole, leur prédication fondera la foi de toute l’Église. La croissance de l’Église s’identifie à la croissance de la Parole dans le peuple des croyants. Le cœur de la première annonce des apôtres est toujours le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus.

Comme l’écrit saint Paul aux Corinthiens : « Je vous rappelle l’Évangile que je vous ai annoncé … Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et il est apparu à Céphas, puis aux Douze » (1 Co 1,1-5). C’est là le kérygme primitif prêché au tout début : la proclamation de la mort et de la résurrection du Christ.

Pour les générations qui suivent celle des apôtres, cette prédication demeure une tâche permanente. S. Paul écrira à Timothée : « Proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps! » (2 Tm 4,2). Dès lors, le salut consiste à écouter attentivement la Parole « inaugurée par la prédication de Seigneur » et transmise directement jusqu’à nous par « ceux qui l’ont entendue » (Hé 2,3).

Désormais, c’est surtout dans le témoignage des croyants que la Parole de Dieu s’exprime et agit dans l’histoire. Et aujourd’hui, c’est par notre témoignage personnel et collectif comme disciples de Jésus.

Parole de Dieu et liturgie

Acclamation de la ParoleC’est tout particulièrement à l’intérieur d’une liturgie, dans un contexte de foi, que l’Écriture devient Parole de Dieu.

Le concile Vatican II affirme ceci dans sa Constitution sur la liturgie : « Il (le Christ) est là présent dans sa parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans l’Église les Saintes Écritures » (n. 7).

C’est pourquoi on dit après la lecture : Parole du Seigneur. Ou encore : Acclamons la Parole de Dieu.

Dans la voix que nous écoutons, Dieu nous parle aujourd’hui. Il y a une présence réelle de Dieu dans la Parole comme dans les espèces eucharistiques.

« Le Christ donne son corps pour que nous devenions son Corps et il donne sa Parole pour que nous devenions sa Parole » (Alain Roy, prêtre).

D’ailleurs tous les sacrements comptent une liturgie de la Parole dans leur célébration. Dieu nous parle dans toute liturgie sacramentelle et dans toute célébration de la Parole en Église; c’est Lui qui nous parle tandis qu’on proclame les Saintes Écritures (proclamer et non lire). L’important dans une parole, c’est celui qui parle.

En assemblée ecclésiale, le lecteur prête sa voix au Seigneur qui parle. En sommes-nous conscients lorsque nous proclamons le texte biblique ?

Comme peuple de Dieu, nous sommes appelés à développer une conscience accrue du rôle de la Parole de Dieu et lui apporter une attention plus grande lors de sa proclamation dans les assemblées liturgiques ». (Yvon Cousineau c.s.c.).

Dieu, Parole et silence

Certains théologiens actuels parlent du silence de Dieu.

De fait, dans l’Ancien Testament, Dieu serait pratiquement demeuré silencieux si les prophètes n’avaient pas relayé sa Parole à tout le peuple d’Israël.

Dans le Nouveau Testament, Dieu a parlé par la bouche et le comportement de Jésus, son Fils, Verbe fait chair.

Il a parlé ensuite, par la bouche des apôtres et des disciples dans l’Église primitive.

Dieu parle aux hommes par des hommes, ou selon la formule de saint augustin « Dieu parle aux hommes à la manière des hommes » (La Cité de Dieu).

La Bible montre bien que Dieu ne parle que si on en parle, que si nous le faisons parler par nos paroles et nos témoignages de vie. Nous sommes responsables de la Parole de Dieu en ce monde.

La Parole de Dieu jaillit ainsi dans l’ordinaire de la vie sous l’impulsion de l’Esprit de Dieu qui est à l’œuvre dans l’Église et dans le monde.

La Parole de Dieu, vraie nourriture

Pain et ParoleLa tradition chrétienne depuis Vatican II parle de deux tables : la table de la Parole et la table du Corps du Christ. La Parole est ainsi conçue comme une nourriture.

Le concile de Vatican II a insisté sur ce point : « L’Église ne cesse de prendre le pain de vie sur la table de la Parole et sur celle du corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. ». Et encore : « les chrétiens se nourrissent aux deux tables de la Bible et de l’Eucharistie ».

La Parole de Dieu est pratiquement aussi vénérable que le Corps eucharistique du Christ Jésus. « Celui qui communie à la Parole, comme celui qui communie à l’Eucharistie communie au même Seigneur ». (Lucien Deiss, Célébration de la Parole, DDB, P.300).

Déjà dans l’Ancien Testament, on parlait de la faim de la Parole comme une faim de pain. Le prophète Amos au VIII siècle affirme : « Voici venir des jours où j’enverrai la faim dans le pays, nom pas une faim de pain, …mais celle d’entendre la Parole de Yahvé » (Amos 8,11).

De son côté, le Deutéronome rappellera : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8,3).

Cette affirmation fut reprise par Jésus en Mt 4,4. Finalement, c’est Jésus, Verbe de Dieu, qui est le pain de vie : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6,51).

Parole de Dieu et Écriture Sainte

Dans la révélation chrétienne, c’est avant tout l’Écriture Sainte qui est considérée comme la base de la Parole de Dieu. Il y a bien sûr aussi la grande Tradition chrétienne qui est source de la Parole de Dieu. Mais la Bible est, d’une certaine manière, la trace la plus sûre de la Parole de Dieu.

Toutefois, comme livre, comme texte, elle n’est pas au sens strict Parole de Dieu. Il ne faut pas confondre Parole de Dieu et Écriture.

Pour que l’Écriture Sainte devienne Parole pour nous, il faut qu’elle soit accueillie dans la foi, qu’elle soit reçue dans le cœur du croyant. La Parole de Dieu transmise par l’écrit attend donc d’être appropriée et intériorisée par les croyants de tous les temps et, aujourd’hui, par nous tous.

De fait la Parole de Dieu naît et grandit en nous et avec nous si, dans la foi, nous acceptons qu’elle résonne dans nos cœurs et qu’elle y porte du fruit sous l’action de l’Esprit Saint.

Interprétation de l’Ancien Testament

La bible est témoin d’une histoire humaine où se rencontrent le pire et le meilleur. Mais en même temps, elle témoigne de la lente et progressive prise de conscience d’un petit peuple qui se découvre aimé et choisi par son Dieu. C’est une histoire dans laquelle Dieu se révèle dans le langage et l’histoire des hommes, dans une lignée de découverte progressive de Dieu, vers sa révélation plénière en Jésus-Christ.

Dans la liturgie dominicale, le texte de l’Ancien Testament est toujours choisi en fonction de l’Évangile du jour. C’est dire que l’Évangile donne son éclairage et sert à interpréter dans la foi chrétienne le passage biblique de l’Ancien Testament. C’est Jésus et son évangile qui donnent pleinement son sens au texte et éclaire l’expérience de foi du Peuple de Yahvé.

L’évangile de Jésus Christ est donc la norme ou le critère d’interprétation des textes de la première Alliance. Sans ce principe d’interprétation évangélique de certains passages de l’Ancien Testament, il serait difficile de les recevoir comme Paroles de Dieu. C’est aussi grâce à ce principe que le Magistère de l’Église interprète les textes bibliques.

Conclusion – Quelques remarques

Jésus, Verbe de Dieu, Parole de Dieu

Comme nous l’avons vu, c’est en Jésus Christ que Dieu nous parle de façon plénière et définitive. Au centre de la Parole de Dieu, il y a le mystère du Christ. Se pose dès lors la question :

  • Quelle est ma relation à cette Parole de vie incarnée en Jésus Christ ?
  • Quelle est la place de Jésus Christ dans mon existence ?
  • Comment développer une conscience accrue de sa présence en moi comme Parole de Dieu et source de vie?

Pour une plus grande place à l’Écriture et à la Parole de Dieu

  • Comme chrétiens et chrétiennes, accordons-nous assez de place dans nos vies à la lecture, à la méditation et à l’étude de l’Écriture Sainte?
  • Quel rôle joue l’étude de la Bible dans la formation à la vie chrétienne? La Bible n’est pas une livre comme les autres, mais une collection de livres dont la rédaction s’étale sur plus de 1000 ans. Peut-on se passer d’une certaine initiation ?
  • Nous sentons-nous responsables de la Parole de Dieu en ce monde? A-t-on développé chez nous l’aptitude à lire l’Écriture, à l’actualiser et à la proclamer de façon à ce qu’elle soit Parole de Dieu et Bonne Nouvelle pour nous et pour les gens du milieu?
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