Une mère devine son enfant.
Elle ne peut pas ne pas le porter jusque dans sa douleur d’homme.
Remettez-le-moi, il demeure mon fils jusque dans la mort.
Je vous l’ai donné plein de vie et vous me le redonnez si défiguré que j’ai peine à la reconnaître.
C’est vraiment mon enfant, le mien, mon unique qui pour accomplir sa mission s’en est allé bien loin de la maison.
Il me fallait bien dire oui pour respecter l’option de mon fils.
Il avait décidé de donner sa vie pour que l’homme se laisse trouver par son Dieu qui le cherchait depuis l’origine.
Une mère peut aller loin dans la souffrance pour libérer ses enfants.
Une mère a toujours les mains ouvertes et les bras tendus ouverts pour les laisser partir quand ils décident de partir ou pour les accueillir quand ils décident de revenir.
Une mère, c’est fait pour pleurer de peine ou de joie.
Une mère c’est tellement grand que ça ne peut pas être compris.
Une mère c’est fait pour veiller jusqu’à la mort, comme une lampe, sur la vie de ses enfants.
Comprendrez-vous, en regardant Marie, que la plus grande vertu d’un cœur courageux c’est la tendresse?
Comprendrez-vous, en regardant Marie, presser sur sa douleur de mère son fils mort, que la tendresse est le plus beau chant des cœurs souffrants?
Prière
Marie, veille sur toutes les mères usées par la douleur.
Donne-leur la joie de la tendresse avant de fermer les yeux.
Elles ont trop donné à la vie pour ne pas être exaucées.
Donne aussi à toutes celles qui seront mères le goût de la maternité.
Rends le cœur fécond de toutes les femmes qui n’ont pas d’époux.
À partir de « Le chemin de la force – Le Chemin de la Croix qui conduit à la fête de Pâques », p. 47-48
Par René Pageau
Les éditions de la parabole, Joliette, Québec, 1979, 51 p.