La transformation des Apôtres au lendemain de Pâques et de la Pentecôte

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Quand on lit les passages des Saintes Écritures qui nous racontent les apparitions, il ne faut pas croire qu’on fait la lecture d’un procès-verbal où l’on reconnaît tous les éléments historiques qui ont amené un conseil à prendre telle ou telle décision.

Ces textes des apparitions de Jésus font partie d’une prédication beaucoup plus tardive où l’on tente de rendre compte de ce qu’on disait, de ce qu’on racontait à propos de la résurrection de Jésus.

Il est évident que l’on ne peut historiquement ou scientifiquement démontrer la résurrection de Jésus. Les fondamentalistes tentent de le faire à partir des apparitions. La résurrection ne peut être saisie véritablement que par la foi.

C’est un fait : on n’a pas de preuves objectives, au sens scientifique du terme, de la résurrection de Jésus.

Le récit des apparitions peuvent néanmoins susciter la foi en la résurrection, la foi d’une communauté.

Ce qui est étonnant pour nous encore aujourd’hui, c’est le comportement des Apôtres après la résurrection. Ils sont méconnaissables!

Avant Pâques, ils ont suivi Jésus de Nazareth qui les a appelés; après son arrestation et sa crucifixion, ils ont fui et sont retournés en Galilée.

Actes des apôtresAprès Pâques, ils reviennent à Jérusalem et affirment la résurrection!

Le changement rapide des disciples nous émerveille.

La communauté s’édifie. On se rassemble autour de cet événement, autour de la personne de Jésus, le Christ ressuscité.

La transformation des Apôtres ne vient donc pas uniquement de leur réflexion, mais surtout de la rencontre du Ressuscité, de l’expérience saisissante qui les bouleverse et les transforme. Il s’est donc passé quelque chose.

La rencontre du Ressuscité n’est pas le fruit de l’imagination des apôtres. Ce n’est pas la foi des Apôtres qui imagine la résurrection de Jésus, c’est plutôt la rencontre du Ressuscité qui crée la foi des Apôtres.

L’expérience du Ressuscité rassemble, crée la communauté, garantit la communion.

À la Pentecôte, le souffle de l’Esprit se répand dans les cœurs et les transforme.

Ce même Esprit est toujours présent à la vie de l’Église et c’est lui qui nous fait connaître, de l’intérieur, ce que nous ont enseigné les prophètes et les évangélistes.

C’est toujours lui qui inspire ce qu’il faut dire et retenir. C’est l’Esprit qui nous fait comprendre le langage du Dieu de l’Alliance. C’était l’opinion des premiers chrétiens :

« Après avoir parlé jadis par les Pères et les prophètes, en ces jours qui sont les derniers, il nous a parlé par le Fils. »

Les livres saints sont inspirés par l’Esprit dans la mesure où ils nous révèlent dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament que Dieu veut faire alliance avec les hommes.

À travers les mots humains, le souffle de l’Esprit nous révèle le grand rêve du Père qui nous envoie son Fils, promesse faite homme.

PentecôteC’est toujours le même Esprit qui nous permet de faire l’expérience de la naissance, de la mort et de la résurrection de Jésus.

Le mot à mot des Actes des Apôtres qui racontent les débuts de l’Église est pour moi un autre signe de la résurrection de Jésus.

Il y a un long chemin intérieur à parcourir avant de saisir cette vérité.

Ce chemin est jalonné d’opinions les plus diverses, mais disons-le, il me faut passer de la raison à la foi. La raison peut certes m’aider à comprendre ce que je crois, mais il est tout aussi vrai de dire que la foi peut m’aider à approfondir ce que je comprends.

L’Esprit supplée à ma faiblesse.

C’est en « veillant dans la foi » que je fais l’expérience du Ressuscité !

C’est l’Esprit qui, jusqu’à l’évidence de la foi, me fait vivre l’expérience du Ressuscité de façon à susciter mon adhésion à la foi chrétienne : un jour je verrai Dieu parce que la résurrection de Jésus est garante de ma propre résurrection.

Je le sais parce que je le sens. Mon vécu, mon « déjà là », me fait pressentir le « pas encore ».

Je possède ce que j’espère, dira l’apôtre Paul.

Ce que je vis dans la foi aujourd’hui est assez fort pour me convaincre que le meilleur est à venir. Il est déjà là dans le présent!

C’est le lent chemin des disciples d’Emmaüs :

« Notre cœur n’était-il pas brûlant lorsqu’il nous parlait des Écritures et lorsqu’il a rompu le pain? »

Leur expérience les a fait passer de la mort physique de Jésus à la résurrection. Tout a changé pour eux. La foi m’oblige à reprendre l’incontournable chemin d’Emmaüs.

Les signes qui me font affirmer que Jésus est ressuscité n’ont rien de contraignant, mais ils portent en eux, sous l’influence de l’Esprit, la certitude de la foi.

Je suis donc appelé à faire ce cheminement.

Nombreux sont ceux qui ont perdu la foi après avoir enseigné la théologie. Ils articulaient bien les raisons de la résurrection de Jésus. Mais ils n’ont pas fait le passage de la raison à la foi.

Ils n’ont pas fait de place à l’Esprit dans leur apprentissage du donné révélé.

L’Esprit donne des raisons de croire; la prière et la contemplation permettent l’approfondissement de ces raisons; le service des gens pauvres, des plus petits et des exclus donne de voir ce que l’œil n’a point vu, ce que les oreilles n’ont point entendu…

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