Aujourd’hui, la résurrection ?

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Les signes de la résurrection ont été interrogés, discutés, médités depuis plusieurs générations parce que la résurrection est au cœur de notre credo.

Ce que veulent nous dire les évangélistes, c’est uniquement la rencontre progressive du Seigneur avec les Apôtres. C’est l’expérience pascale des Apôtres.

Ils doutent d’abord, puis ils la reconnaissent cette expérience, ils renaissent avec elle, ils prennent vie et ils la proclament aux quatre coins du monde.

Croix et lumièreCette expérience pascale avec l’Esprit du Christ ressuscité les amène jusqu’au bout du monde. Ils comprennent que c’est cette mission que leur confie le Christ à l’Ascension et à la Pentecôte : « Je ne vous laisserai pas seuls, orphelins, je vous enverrai mon Esprit qui vous enseignera tout ce que je vous ai dit, tout ce que je suis venu faire au milieu de vous. »

Cette vérité est répétée, priée, contemplée depuis plus de deux mille ans.

Voilà ce que sont devenues et ce que deviennent tous les jours les traces historiques de Jésus de Nazareth ressuscité.

La résurrection dépasse l’événement historique. C’est plus qu’un événement historique.

Les apparitions seraient-elles des expériences d’Église? Ne nous révèlent-elles pas comment l’Église naît de l’Esprit? Ils partirent tous faire de toutes les nations des disciples (Jn 20,21).

Si Jésus n’est pas ressuscité, s’il n’est pas passé de la mort à la vie, que viennent donc faire l’Église, l’Eucharistie, la Vie éternelle, le retour du Seigneur?

Illusions? Mensonges? Si Jésus n’est pas ressuscité, il n’y a rien qui tienne! Tout s’écroule!

Aujourd’hui, quand je vois des témoins reconnus universellement par les croyants et les incroyants comme mère Teresa, Jean Vanier ou Jean-Paul II, je prends conscience du fait que dans le « déjà de ma vie », je peux pressentir dans ma foi et mon espérance le « pas encore » qui porte la promesse de ma résurrection. Que de saints et de saintes de tous les jours ne nous est-il pas donné de rencontrer?

Quand je suis témoin de tous les efforts qui se font pour servir les petits, les exclus, les marginalisés parce qu’ils sont dans le Fils mes frères et mes sœurs, quand je suis témoin, à travers tant d’injustices, de ce que l’amour, la paix, la justice sont encore possibles, quand je suis témoin de tant et tant de personnes qui s’engagent résolument sur le chemin des Béatitudes, l’Esprit fait naître et progresser en moi la certitude de Pâques.

Quand je sens dans l’Église le souffle d’une nouvelle Pentecôte qui fait naître des apôtres, des saints et des témoins qui ont fait et font le passage des ténèbres à la lumière, je crois en la résurrection.

Le plus grand signe que Jésus est ressuscité est dans mon cœur est que l’Esprit ne cesse d’éclairer pour donner à la Parole de Dieu, à travers les apparitions, une force inébranlable de persuasion, malgré mes doutes, mes hésitations et mes zones d’incroyance qui demeurent toujours interrogatifs et qui font de moi un chercheur de Dieu. Bref, mes raisons de croire me viennent de Dieu lui-même!

Quel est donc le sens de la consécration des personnes qui s’engagent à vivre les conseils évangéliques en communauté si Jésus n’est pas ressuscité? Que signifient la crèche, la croix et l’autel si Jésus n’est pas ressuscité?

Je crois que Jésus est ressuscité chaque fois que je suis témoin du fait que des membres d’une communauté naissent dans la communion à la vie fraternelle et que leur milieu de vie devient une école de communion.

C’est dans la prière, dans la contemplation et dans la vie fraternelle que l’on finit par saisir du plus profond de son cœur qu’à la suite du Christ, nous sommes appelés à la résurrection.

Est-ce un rêve qui peut devenir réalité? Des témoins me confirment aujourd’hui que Jésus est ressuscité. Ils en ont fait l’expérience pascale dans la prière et la contemplation.

Ils ont rencontré le Christ ressuscité dans le don généreux de leur vie comme Paul sur le chemin de Damas. Ils ont vu le Seigneur!

« Les témoins sont plus fascinants que les maîtres, à moins que les maîtres soient des témoins », disait Paul VI.

Il y a deux genres de recherches, affirme Jean Guitton :

« La première est une recherche incertaine, faite dans la nuit, analogue à la recherche du savant qui n’a pas trouvé et qui propose des hypothèses. L’autre recherche est analogue à la recherche de celui qui a trouvé, qui est sûr de son amour, qui progresse à l’intérieur de cet amour, pour aimer davantage. »

Et d’autre part, Pascal affirmait que …

« … c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison ».

Je ne peux pas ne pas croire en la résurrection du Christ quand je suis témoin d’une foule qui travaillent à la croissance de la communion qui consiste à …

« … être attentif, dans l’unité profonde du corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme l’un des nôtres pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde… qui consiste aussi à voir ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu… qui consiste encore à repousser les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousie » (Novo Millennio Ineunte, no 43).

Ce sont ces expériences de fraternité, de solidarité et de communion qui me confirment que Jésus est ressuscité au milieu de nous. L’Église animée par l’Esprit du Christ ressuscité ne cesse de nous inspirer des passages de conversion, des passages de l’extérieur à l’intérieur, du vieux monde au monde nouveau qui est en Christ ma destinée.

À travers des morts et des résurrections quotidiennes, nous demeurons sur les chemins de Pâques.

La sainteté de l’Église ne vient pas de la sainteté de ses membres, mais du Christ ressuscité : « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps », telle est l’ultime promesse de Jésus Christ au milieu de nous. « Oui, Seigneur, ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église! »

Le monde nouveau de la résurrection est arrivé, ce que vous cherchez dans l’avenir est là, mais vous ne le voyez pas. L’arrivée du Royaume de Dieu n’est pas observable du dehors, le Royaume de Dieu est à l’intérieur de vous (Lc 17,20). Nous sommes déjà, à cause de la résurrection de Jésus, des fils et des filles du Royaume.

Il s’agit pour nous, chercheurs de Dieu, d’aimer ce que l’on comprend et de comprendre ce que l’on aime. Alors, nous croyons pour comprendre et nous cherchons pour croire.

La prière et la contemplation, comme l’étude et la réflexion, nous situent sur le chemin de l’approfondissement et de la compréhension.

« Je ne tente pas, Seigneur, de pénétrer ta hauteur, mais je désire reconnaître quelque peu ta vérité, que croit et aime mon cœur. Et je ne cherche pas non plus à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre. » (Saint Anselme de Cantorbery, XIe siècle).

Lorsqu’on parle de résurrection, connaître ne veut plus dire savoir quelque chose, connaître veut dire naître à quelqu’un, devenir fils dans le Fils ressuscité, naître à l’Autre que soi, passer du dehors au-dedans de soi pour entendre la musique silencieuse de Dieu.

« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde sur une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. » (1 Jn 3,2-3)

« Dire que je crois, c’est dire que je mets mon cœur à ce que je connais sans le connaître, à ce que je ressens sans le voir, à ce que je veux sans l’avoir, avec tout ce que j’ai. Dire je crois, c’est dire oui au mystère de la vie. » (Joan Chittister)

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