Seigneur,
On te soupçonne de nous manipuler
par la contrainte et la peur de l’enfer :
tu ne nous attires que par amour.
On te dit mesquin et fouineur de conscience :
nos médiocrités ne mobilisent que ta tendresse.
On te croit ennemi de la joie :
tu en es la source.
On t’accuse d’être l’opium des opprimés :
tu es l’animateur de tous les mouvements de libération.
On te pense contrarié et jaloux de nos recherches scientifiques :
tu nous offres un univers infini à explorer.
On t’imagine rancunier :
tu pardonnes comme nous respirons.
On te croit figé comme un monarque :
tu es ardent comme un berger.
On te croit initiateur de l’Inquisition :
tu en es la victime.
On t’imagine grand-papa gâteau :
tu es jeune, pauvre, mendiant.
On prétend que tu es « quelque chose au-dessus de nous » :
tu es quelqu’un au-dedans de nous.
On te cherche chez les justes :
tu loges chez les pécheurs.
On veut te cerner dans le filet des mots :
tu te poses sur le sourire des enfants.
Stan Rougier
Prières glanées