« C’est à nous qu’il appartient, en pleine responsabilité, de prendre les décisions qui conviennent pour l’avènement d’un monde plus humain, mais le Christ est présent dans chacune de ces décisions humanisantes pour leur donner une dimension divine. Le Christ est présent et actif pour diviniser ce que nous humanisons. » (François Varillon)
Cet article s’inspire à titre particulier l’ouvrage « Joie de croire, joie de vivre » par François Varillon, section « Le Christ est ressuscité des morts et monté aux cieux », Novalis, 2019, p. 129-143.
Le Christ, gage de notre liberté
Celui qui aime, celui-là seul est véritablement libre.
Pour les chrétiens, un seul homme dans l’histoire de l’humanité a su parfaitement aimer, et c’est le Christ.
Alors que pour notre part nous nous efforçons d’aimer et que nous construisons péniblement notre liberté, nous demeurons plus ou moins enchaînés par notre avoir et à tout ce qui est appelé à mourir.
En Jésus, l’amour a été plus fort que la vie présente. Sa mort étant la mort d’un homme libre, totalement aimant.
« Le Christ n’a vécu que par le Père et pour le Père, donc en un Autre plus qu’en soi. C’est cela, l’amour : vivre en un autre. Mais vivre en un autre, c’est bien mourir à soi. Dire que Jésus est ressuscité, ou que le Père a ressuscité Jésus, c’est donc dire que, pour cet homme pleinement homme en qui l’amour a été plus fort que la vie, l’amour est pour toujours plus fort que la mort. Il est ressuscité, il est Vivant. » (François Varillon)
Suite à la résurrection du Christ, l’Évangile fait mention des apparitions du Ressuscité à ses disciples (femmes, apôtres…).
Puis vient le temps de l’Ascension où Jésus « monte » au ciel, manière de désigner l’intimité de Dieu.
« Le ciel est le contact de l’être de l’homme avec l’être de Dieu, la rencontre intime de Dieu et de l’homme. » (François Varillon)
Varillon n’hésitera pas à qualifier ce nouveau mode de présence du Christ, d’intérieur et universel, car le Christ peut maintenant se rendre pleinement présent à l’humanité par son Esprit.
Une présence en mode d’absence en quelque sorte.
Mais comme le dit saint Paul, le Christ est « monté » au ciel afin de tout remplir :
« Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. » (Ép 4,10)
L’Ascension et le dynamisme de l’Esprit
« Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous; mais si je pars, je vous l’enverrai. » (Jn 16,7)
« Le Christ ne nous répond pas en nous ôtant la responsabilité de nos décisions et de nos actions. » (François Varillon)
En aucun cas le Saint-Esprit ne dicte nos décisions, il est plutôt Celui qui les inspire.
Et Dieu sait que nous avons besoin d’inspiration pour vivre pleinement.
« Dieu nous veut hommes, c’est-à-dire adultes responsables, construisant nous-mêmes notre liberté, écrivant nous-mêmes notre histoire. » (François Varillon)
« Le vrai, ce n’est pas que Dieu a un projet sur l’homme, c’est que l’homme est le projet de Dieu. C’est tout différent. » (François Varillon)
Inutile de compter sur Dieu pour qu’il nous dicte actions et décisions.
« Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Ac 9, 10-11)
« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel? »
Autrement dit, vous avez une tâche à accomplir qui demande de faire preuve d’intelligence et de courage.
Et pour ce faire, dynamisé par l’Esprit du Ressuscité, il nous importe de changer le monde avec raison et cœur.
Vivre la liberté avec l’Esprit dans un monde complexe
« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes. » (Mt 10,16)
Nous vivons dans un monde complexe, et le Maître nous envoie comme des brebis au milieu des loups.
On ne peut se dispenser d’analyser aussi correctement que possible les situations, que ce soit sur les plans morals, culturels, économiques, politiques… à partir desquelles nous aurons à décider ce que nous jugeons bon de faire, en âme et conscience.
C’est la marque de l’être humain devenu adulte.
« Comptez sur l’Esprit Saint qui est en vous pour vous garder une âme de brebis ou de colombe, mais ne comptez pas sur lui pour vous proposer des solutions toutes faites. Les chrétiens ne sont pas dispensés d’être des hommes. On n’est pas homme en se bornant à exécuter des consignes. » (François Varillon)
Jésus dit « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille »… pour faire place à l’Esprit.
« C’est à nous qu’il appartient, en pleine responsabilité, de prendre les décisions qui conviennent pour l’avènement d’un monde plus humain, mais le Christ est présent dans chacune de ces décisions humanisantes pour leur donner une dimension divine. Le Christ est présent et actif pour diviniser ce que nous humanisons. » (François Varillon)
« Pour nous faire passer, non pas demain, mais aujourd’hui, jour après jour, décision après décision (je dis « passer », car le mot « Pâques » signifie probablement « passage ») de la terre au ciel (le ciel étant l’intimité de Dieu). C’est là l’essentiel de la foi. » (François Varillon)