5e article d’une série de 8 sur les principales convictions et les étapes de la conversion selon l’itinéraire zundédien. Première étape de la conversion selon l’itinéraire zundélien : la prise de conscience de son amour-propre.
Merci de vous référer au premier article de cette série afin de situer le présent article dans son ensemble.
De la préoccupation de soi à celle de Dieu
Comme le souligne le Père Garceau :
« La direction proposée par Maurice Zundel peut être décrite comme un voyage intérieur par lequel la personne effectue le passage de la conversion. J’entends ici la conversion au sens que lui donnait François Fénelon (archevêque, théologien, poète et écrivain au 17e siècle) : le geste de renoncer à l’amour propre pour s’occuper de Dieu. »
S’occuper de Dieu, cela n’est pas sans faire penser à la prière plus qu’étonnante d’Etty Hillesum, alors qu’elle implorait le soutien de Dieu au temps de la persécution nazie :
« Il m’apparaît de plus en plus clairement, presque à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous. »
« La seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu. »
E. Hillesum, Les écrits d’Etty Hillesum. Journaux et lettres, 12 juillet 1942, p. 680.
Qu’est-ce que la vie attend de moi?
S’occuper de Dieu, cela n’est pas également sans faire penser au psychiatre Viktor Frankl, rescapé d’un camp de concentration et survivant de l’holocauste.
Il a découvert que le plus grand besoin de l’être humain consiste à trouver ou à donner un sens à son existence.
Pour Frankl, la question fondamentale n’est pas tellement de se demander « qu’est-ce que j’attends de la vie », mais plutôt de se demander « qu’est-ce que la vie attend de moi », une question que l’on peut se poser chaque jour et même à toute heure du jour.
Nous serons étonnés des réponses en forme d’appels au don de soi qui jailliront au cœur de notre quotidien.
La bienveillance
Prendre soin, c’est notamment le sens du mot « charité » qui vient de la racine latine « caritas ».
Ce mot est défini à merveille par l’expression de langue anglaise « take (tas) care (cari) ».
Nous sommes appelés à prendre soin de Dieu en nous comme dans les autres, à faire preuve de bienveillance.
La première étape de la conversion selon l’itinéraire zundélien
Le Père Garceau a discerné que le voyage intérieur proposé par Zundel est fait de quatre étapes.
La première étape est celle de la prise de conscience de son amour-propre.
Sans amour-propre, il est, de fait, impossible de vivre :
« L’amour-propre consiste dans l’attachement à l’image que l’on se fait de soi et que l’on cherche à réaliser ». (Benoît Garceau)
À propos de l’amour-propre, Maurice Zundel a deux conseils à donner :
- Toujours respecter l’amour-propre de la personne que l’on rencontre.
Ne jamais humilier ou blesser l’amour-propre d’une personne, car il lui procure une raison de vivre. - D’autre part, reconnaître, que tant que je vis sous l’éclairage ou la coupe de mon amour-propre, je demeure enfermé dans mon moi et je ne suis pas vraiment libre.
Un passage à faire et à refaire
Le jésuite François Varillon qui a été grandement influencé par la pensée de Zundel affirmait que mourir à soi-même, c’est renoncer à exister pour soi et par soi afin d’exister par les autres et pour les autres.
Ayant reçu, nous sommes appelés à donner, et ce, aux couleurs de la vie trinitaire qui est accueil et don.
« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mt 23,11)
« Il faudra naître de nouveau, naître de la liberté, naître de la lumière, naître de l’amour, naître de l’esprit, de la vérité; et c’est à ce moment-là, lorsque nous aurons quitté ce rivage de servitude, ce vieux moi infantile, c’est alors dans une rencontre unique, merveilleuse avec la liberté divine, c’est alors que nous commencerons à être des hommes, c’est alors que le règne de Dieu s’accomplira au-dedans de nous, et que Dieu prendra son véritable visage de respiration même de notre liberté. »
(Maurice Zundel, Devenir un homme libre avec Jésus, Lausanne, 4e dimanche de Carême, 05-01-04)