Tu étais là, Marie, avec les apôtres verrouillés dans le Cénacle après la mort de Jésus.
Tu étais là et tu attendais dans la prière, partageant la peur des apôtres.
Tu étais là dans l’attente de l’Esprit.
Toi seule connaissais les ravissements que l’Esprit opère dans la vie des personnes quand il peut être accueilli dans la chambre haute du cœur de l’écoute.
Affaissés dans leur peur, faibles et craintifs, ils vivaient l’échec et l’anéantissement de leur rêve.
Tout à coup, le vent de l’Esprit les secoue brusquement pour les sortir de leur torpeur.
Des langues de feu firent flambler leur âme.
La force, le courage, l’audace, dans un tourbillon cosmique, en firent des témoins effrontés.
Leur foi était à toute épreuve.
Jésus, qui les avait accompagnés pendant trois ans, devient le Christ vivant de Pâques.
C’était la fête, on parlait en langues, non seulement on se comprenait les unes les autres, mais on comprenait aussi tout ce qui avait été vécu depuis le jour où le Seigneur les avait choisis.
Marie souriait, repliée dans son silence, et revivait tout ce qui s’était passé au grand jour de l’annonce où elle fut déracinée puis envoyée jusqu’au bout de la fidélité et de l’amour.
Elle avait connu, elle aussi, la peur et la crainte; elle avait été étonnée et bouleversée, mais elle avait compris que rien, mais rien n’est impossible à Dieu.
Ah! Marie, il y a bien des choses qui ne sont pas dites, on les retrouve dans la prière et la contemplation.
Si tu étais présente au Cénacle, pourquoi ne le serais-tu pas à la table de la Cène, à l’aube de Pâques et tous les jours quand nous faisons ensemble ce que Jésus nous dit de faire?
L’aventure de l’Église a commencé dans ton ventre, le jour de l’Annonciation, et elle se poursuit par monts et par vaux à travers la fragilité des hommes et des femmes qui te suivent.
Mais c’est toujours matin de Pentecôte là ou deux se rassemblent au nom de ton fils.
L’Esprit qui t’enveloppe de son ombre était au Cénacle et il est encore là chaque jour du temps de l’Église.
Je ne vous laisserai pas seuls, a dit Jésus, je vous ferai connaître le fin fond des choses.
Je vous donnerai ma mère pour qu’elle veille quotidiennement sur mon Royaume à se faire sur la terre comme au ciel.
Je te salue, Marie du Cénacle, Mère universelle de tous les blessés qui ont la première place dans le cœur de ton fils!
Tiré de « À l’heure de Dieu », p. 113-115
Par René Pageau
Éditions Paulines, 1993