7e article d’une série de 8 sur les principales convictions et les étapes de la conversion selon l’itinéraire zundédien. Troisième étape de la conversion selon l’itinéraire zundélien : se libérer de soi par la compassion à l’égard de Dieu.
Merci de vous référer au premier article de cette série afin de situer le présent article dans son ensemble.
Jésus nous révèle le cœur de Dieu
Alors qu’on nous a trop souvent présenté Dieu par le passé comme étant un créateur au-dessus de tout et donc à l’abri de tout ce qui touche l’être humain, Maurice Zundel pour sa part nous invite à prendre au sérieux l’Évangile :
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père”?
(Jn 14,9)
Jésus, Dieu fait homme, est profondément humain, profondément sensible.
Il n’est pas partisan d’un stoïcisme ou de quelque philosophie ou religion qui donnerait comme idéal le détachement, et à terme, la perte de la faculté de vibrer et d’être affecté.
Au contraire, c’est le cœur même de Dieu qui est au centre de la personne de Jésus.
Tout comme Jésus a voulu surmonter le refus en aimant et en se donnant jusqu’au bout, ainsi en est-il du Dieu invisible.
Dieu n’est pas insensible à la souffrance humaine.
Zundel n’hésite pas à affirmer que Dieu est même toujours la première victime, car il est celui qui est capable du plus grand Amour.
Prendre soin de l’être humain, c’est donc prendre soin de Dieu, et vice versa :
Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25,40)
Alors que dans le christianisme on insiste avec raison sur la compassion de Dieu, voilà que Maurice Zundel nous convie à un renversement : il nous invite à avoir de la compassion à l’égard de Dieu, à nous occuper de Lui, à prendre soin de Lui.
C’était précisément le cœur de la spiritualité de Thérèse de Lisieux qui pour sa part avait voulu être désignée par « Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ».
Thérèse s’en remettait à Dieu qui prenait soin d’elle, mais plus encore, elle prenait soin de Dieu en étant pour Lui source de joie et en coopérant à son œuvre de salut.
Se libérer de soi par la compassion
Comme le souligne le Père Benoît Garceau, au chapitre 3 de l’ouvrage Je est un Autre écrit par Maurice Zundel, « on s’aperçoit que la compassion suscitée par le regard sur la Croix est la voie choisie par Zundel pour sortir de soi. »
Il existe certes d’autres voies comme celles de l’émerveillement, de l’hospitalité, du questionnement, etc.
La voie choisie par Zundel, à la suite de François d’Assise qui pendant plus de vingt ans a pleuré devant la Croix, est la voie de la compassion.
Le Père Garceau souligne qu’à l’occasion d’une conférence sur la vie spirituelle, après avoir insisté sur le caractère nuptial de la relation entre Dieu et la personne humaine, une relation qui pour être vivante suppose le « oui » des deux partenaires, Zundel se posa cette question :
« Mais comment cela nous est-il possible de garder ainsi attentivement et fidèlement le regard sur Dieu, nous qui sommes si facilement dispersés par nos soucis et nos occupations? »
C’est alors que Zundel fit cette confidence :
« Moi, avoue-t-il, ce qui m’aide le plus c’est de regarder la fragilité de Dieu si clairement exposée sur la Croix. »
Méditer sur le fait que Dieu est affecté par ce qui se passe sur terre nous invite à retrousser nos manches, à cesser de tourner autour de soi et à apporter notre contribution pour l’avancement du Règne de Dieu.
Comme l’affirme Zundel, la méditation sur la fragilité de Dieu nous convie à prendre soin de Lui, à exercer à son égard la maternité de notre liberté.