Je suis le fils prodigue de la parabole qui vit « en terre lointaine » chaque fois que je cherche la consolation et l’amour inconditionnel là où ils ne peuvent être trouvés. Ma maison? c’est fondamentalement le centre de mon être, là où je peux entendre la voix qui me dit : « Tu es mon Bien-Aimé, celui qui a ma faveur ».
Cet article a été rédigé à partir de l’ouvrage « Le retour de l’enfant prodigue » (p. 0-55) de Henri Nouwen, Éditions Bellarmin, 1995, 177 p.
« Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi. » (Saint Augustin)
La « parabole du fils prodigue » (où « prodigue » veut dire « dépensier ») également appelée « parabole du fils perdu » (Lc 15,11-32 – texte en fin d’article), est une formidable leçon pour nous tous qui pouvons être tentés de chercher désespérément ailleurs ce que ne nous pouvons trouver qu’en nous.
« Tu étais au-dedans et moi dehors et c’est là que je te cherchais. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. »
(Saint Augustin)
« Tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. »
(Mc 1,11)
Ma maison? c’est fondamentalement le centre de mon être, là où je peux entendre la voix qui me dit : « Tu es mon Bien-Aimé, celui qui a ma faveur ». (p. 47)
À qui est-ce que j’appartiens?
Notre soif est immense, pour ne pas dire « infinie », comme l’affirmait Blaise Pascal.
Dans notre quête de reconnaissance et de consolation, la tentation est grande de chercher à étancher la grande soif qui nous habite en dehors de Dieu.
Le Nouveau Testament évoque fréquemment le thème du « monde » par opposition à celui de « Dieu ».
L’enjeu fondamental est celui-ci : « À qui est-ce que j’appartiens? Qui peut me définir en vérité? »
Le problème avec l’amour du « monde » est qu’il est conditionnel.
Il s’agit d’un amour qui compte sans fin des « exigences » et des « si » impossible à satisfaire pleinement, d’où notre inévitable insatisfaction si nous nous laissons laisser définir par celui-ci. (p. 53)
Ce n’est pas dans ce type d’amour que nous pourrons trouver le fondement de notre être.
De plus, un amour qui ne peut satisfaire l’aspiration profonde de notre cœur favorisera inévitablement les dépendances. Il nous rendra esclave en quelque sorte. (p. 53)
Le mot « dépendance » semble être en effet un mot assez juste pour qualifier maints aspects de la société contemporaine :
- Vivre pour le statut.
- Vivre pour le pouvoir.
- Croire que l’accumulation des richesses va combler le cœur humain.
- Rechercher la consolation dans la boisson, la nourriture ou le sexe pour lui-même, oubliant ainsi la finalité de ces réalités.
- Rechercher l’admiration ou l’acclamation.
- Etc.
Je suis le fils prodigue de la parabole qui vit « en terre lointaine » chaque fois que je cherche la consolation et l’amour inconditionnel là où ils ne peuvent être trouvés. (p. 54)
L’amour libérateur de Dieu
La grande tragédie de la vie, c’est quitter le seul endroit où je peux entendre tout ce que j’ai besoin d’entendre. (p. 48)
C’est une voix douce et subtile qui ne s’impose jamais.
Le prophète Élie avait découvert cette « petite voix » qui s’apparente à une brise légère. (p. 50)
Cette voix qui parle au cœur est l’antithèse de la voix du « monde » qui affirme …
- … que ma valeur tient à mon succès, à ma popularité ou à ma puissance;
- … que je serai aimé à condition d’un travail acharné;
- … que je dois me prouver à moi-même ou aux autres;
- … que je dois tout faire pour être accepté.
La voix de Dieu au contraire m’appelle constamment son « bien-aimé ».
Elle exprime un Amour qui ne refuse jamais sa bénédiction : un Père qui a les mains toujours tendues à l’instar du père du fils prodigue. (p. 54)
La voix de Dieu est une voix libératrice qui apporte une lumière intérieure.
Elle donne vie, confiance, sagesse, sécurité et amour à qui sait l’entendre.
L’amour inconditionnel, gratuit et bienfaisant de Dieu me permet d’aimer gratuitement à mon tour.
Il permet de vivre un amour concret et fécond en mode « d’action de grâces ».
Il me libère de ma tendance à vouloir « épater la galerie » par le biais de mes dons.
Comment favoriser l’écoute de la parole vivifiante de Dieu?
La prière ouvre le chemin pour entrer dans le sanctuaire intérieur de mon être, là où Dieu a choisi d’habiter. (p. 26)
Plusieurs articles sur ce site traitent de la prière, dont voici quelques-uns :
- Revisiter notre vie avec Lui
- Se nourrir du regard bienfaisant de Dieu
- 40 jours avec M. Zundel et les Pères du désert
L’important est de favoriser l’écoute du cœur.
Voici quelques pistes toutes simples :
- Réserver une plage de temps qui, petit à petit, sera de plus en plus longue : 5 minutes, 10, 15 … jusqu’à 30.
- S’asseoir confortablement.
- Fermer les yeux et faire silence.
- Demander l’aide de l’Esprit-Saint.
- Imaginer le Seigneur qui me regarde avec amour et bienveillance.
- Demander au Seigneur de me donner la « prière de ce jour ».
Il s’agit de passer d’une prière « que l’on fait » à une prière « que l’on reçoit ». - Être à l’écoute de ce qui monte au cœur : ce peut être un mot, une phrase ou une parole de la bible.
- Prendre le temps de répéter doucement et de laisser résonner ce qui est monté au cœur en prêtant une attention particulière au désir.
- Ne pas chercher à analyser. Le Seigneur saura me nourrir avec peu de mots.
- Conclure ce temps de prière en remerciant le Seigneur.
C’est ma vie quotidienne qui saura me révéler, dans la mesure où je suis attentif, les fruits de la prière.
Les cadeaux du Seigneur ne font pas de bruit.
Cependant, la grâce de Dieu a le pouvoir de transformer l’être en profondeur.
Parabole du fils prodigue (Lc 15,11-32)
Jésus dit encore :
« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras!”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé !” »