Ce qui caractérise le profil de tout vainqueur, quel que soit son champ d’activité, est qu’il sait choisir dans la ligne de ce qu’il est et désire profondément. Cette sagesse lui permet de se concentrer sur son rêve le plus cher. L’apôtre Paul était précisément un homme de vision, ne s’écartant ni à gauche ni à droite de ce qui lui tenait le plus à cœur.
Cet article a été rédigé à partir de l’ouvrage « Le secret de Saint-Paul » (p. 85-129) de José Prado Flores, Éditions des Béatitudes, 1999, 201 p.
Connais-toi toi-même
La première condition afin de réussir dans la vie est de savoir le plus clairement possible qui l’on est et par le fait même, ce que nous voulons.
Il est difficile de construire solidement sa vie quand le profil de sa personnalité demeure obscur, quand on ne se sait trop quoi choisir.
Les philosophes de l’antiquité grecque avaient compris que la sagesse reposait essentiellement dans la connaissance de soi.
L’apôtre Paul, un homme qui sait qui il est
Acceptant ses limites en se reconnaissant « être de chair », l’apôtre Paul sait d’expérience que la grâce de Dieu n’a pas été vaine à son égard :
Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. (1 Co 15,10)
Paul sait qui il est, il a même appris à s’accepter et à se contenter de peu afin de se concentrer sur sa mission :
Ce ne sont pas les privations qui me font parler ainsi, car j’ai appris à me contenter de ce que j’ai. Je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout : à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. (Ph 4,11-12)
Il recommande de ne pas se surestimer plus qu’il ne faut afin de ne pas échouer :
Par la grâce qui m’a été accordée, je dis à chacun d’entre vous : n’ayez pas de prétentions déraisonnables, mais pensez à être raisonnables, chacun dans la mesure de la mission que Dieu lui a confiée. (Rm 12,3)
Paul n’accepte pas pour autant le mépris des autres afin de ne pas éprouver des complexes :
Voilà comment tu dois parler, exhorter et réfuter, en toute autorité. Que personne n’ait lieu de te mépriser. (Tt 2,15)
Bref, cet homme dédié est conscient d’avoir une personnalité forte et équilibrée au service de sa mission.
L’homme d’un seul objectif
Nombreuses sont les personnes aujourd’hui qui multiplient les intérêts au point de devenir dispersées.
Exposés aux vents d’une société qui cherche tantôt à nous solliciter, tantôt à nous divertir, nous pouvons être tentés par l’inconstance ou la loi du moindre effort.
Or ce qui caractérise le profil de tout vainqueur, quel que soit son champ d’activité, est qu’il sait choisir dans la ligne de ce qu’il est et désire profondément.
Cette sagesse lui permet de se concentrer sur son rêve le plus cher.
L’apôtre Paul était précisément un homme de vision, ne s’écartant ni à gauche ni à droite de ce qui lui tenait le plus à cœur :
Ainsi donc, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. (He 12,1-2a)
L’apôtre Paul? C’est l’homme qui oublie le chemin déjà parcouru afin de poursuivre sa course.
Il ne reste pas bloqué par des situations révolues. Il a compris que Jésus n’est pas venu reconstruire le passé, mais faire de nous des créatures nouvelles :
Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. (Ph 3,13-14)
En tout cas, du point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction. Frères, ensemble imitez-moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons. (Ph 3,16-17)
Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. (2 Co 5,17)
L’apôtre Paul ou le profil du vainqueur
Paul, véritable athlète de Jésus Christ, est une personne qui incarne le profil des vainqueurs (p. 105) :
- Il sait qui il est.
- Il sait pourquoi il est venu dans ce monde.
- Il a un objectif dans sa course : annoncer l’Évangile de la grâce.
- Il possède une vision saine de la réalité.
- Il sait se ressourcer afin de garder courage.
- Il sait payer le prix de la persévérance.
Le sens de la vie de l’apôtre Paul
En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. (Ph 1,21a)
La Bonne Nouvelle qu’annonce l’apôtre est la personne même de Jésus Christ.
Le Père de l’Église saint Irénée affirma au IIe siècle que « la gloire de Dieu est l’homme vivant », bref, Dieu se réjouit de toute personne qui vit en plénitude grâce à l’action du Ressuscité :
Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. (Jn 12,32)
La personne de Jésus de Nazareth a tellement séduit saint Paul qu’elle en vient à recouvrir tout son être : ses espérances, ses aspirations, son cœur, son intelligence et sa volonté. C’est le point d’attraction qui donne sens à sa vie, dont ses souffrances. (p. 102)
L’amour du Christ le presse :
En effet, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. 2 Co 5,14
Paul désire que tout le monde connaisse la richesse de la grâce. Il cherche toujours une porte, même petite, afin d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut. (p. 127)
Proclamer le message évangélique en toutes circonstances ne suffit pas à Paul, il lui faut devenir lui-même « Évangile » :
Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ. (1 Co 11,1)
Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. (Ga 2,20)
Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur adressa la parole : « Vous savez comment je me suis toujours comporté avec vous, depuis le premier jour où j’ai mis le pied en Asie : j’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et les épreuves que m’ont values les complots des Juifs. (…) Je n’ai convoité ni l’argent ni l’or ni le vêtement de personne. (Ac 20,18-19.33)
Paul est lui-même, par la qualité de sa vie, une bonne nouvelle par qui son message devient crédible. Il croit ce qu’il annonce et vit ce qu’il croit.
Aux Colossiens, il résumera ainsi sa pensée :
Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous. (Col 3,11)