Le Dieu que Maurice Zundel a découvert n’est pas un rival de l’être humain, ni une contrainte, ni un monarque absolu comme a pu le faire une certaine tradition ecclésiale. Au contraire, il est le secret et le fondement de notre valeur et de notre liberté.
Cet article a été rédigé à partir de l’ouvrage « La fragilité de Dieu selon Maurice Zundel – Du Dieu du Moyen Âge au Dieu de Jésus-Christ » (p. 7-27) par Ramón Martínez de Pisón Liébanas, Éditions Bellarmin, 1996, 194 p.
Un homme en recherche, ouvert aux aspirations de ses contemporains
Maurice Zundel a été un homme qui essayait de rendre compte des efforts des hommes d’aujourd’hui afin de leur donner un Dieu à la mesure de leurs grandes aspirations.
Il était à l’écoute de ce que les hommes font en vivant, ce à quoi ils attachent le plus de prix et ce qui donne la plus haute valeur à leur vie. (p. 21)
Zundel avait notamment un intérêt particulier pour les arts, les sciences et les lettres.
Il voyait que l’art comme la science convergeaient vers un centre libérateur.
Ce centre est le Dieu de la vie, celui qui se laisse reconnaître dans tout ce qu’il y a de merveilleux dans la création, dans toutes les dimensions de l’univers et de l’existence. (p. 21)
Zundel a recherché une expérience assez universelle pour que tous ceux qui vivent en accord avec les aspirations de l’esprit, « croyants » comme « incroyants », puissent s’y reconnaître. (p. 22)
Il découvre la quête de la valeur humaine : la prise de conscience de la dignité, de l’inviolabilité et de la recherche de la liberté. (p. 22)
Le Dieu que Zundel découvre n’est certes pas opposé au désir de liberté et de vie qui jaillit du plus profond du cœur humain puisqu’il en est la Source même. (p. 21)
L’aspiration à la valeur et à la liberté
Le monde moderne aspire à la valeur et la liberté. Cette aspiration est même à la source de la plupart des contestations ou critiques qui provoquent une situation de crise. (p. 22)
Or, pour Maurice Zundel, l’Évangile est source de libération. Il nous fait entrer dans l’intimité du Dieu vivant qui fait surabonder la vie. (p. 22)
L’Évangile n’est pas un pouvoir, encore moins une contrainte, et le Dieu qu’il présente n’est pas une autorité qui exige la soumission. (p. 22)
Dieu est « amour, lumière et liberté ». Quelqu’un qui nous invite à devenir des personnes pleinement libres (p. 22)
Et de quelle liberté s’agit-il?
La liberté véritable dira Zundel, c’est d’être libre de soi, à l’instar du Dieu vivant qui est la Liberté même parce que sa vie personnelle est un « concert éternel de relations ».
Dieu est l’anti-Narcisse, car il est Amour.
Dieu est Trinité : un Dieu unique, mais qui n’est pas solitaire.
Un Dieu aux couleurs du don et de l’accueil.
Et c’est dans la mesure que nous sommes en communion, dans une rencontre sans cesse revécue et approfondie avec ce Quelqu’un qui nous habite, que nous nous libérerons de nous-mêmes. (p. 22)
Il s’agit d’une liberté comme libération.
Le Dieu que Zundel a découvert
Le Dieu que Maurice Zundel a découvert n’est donc pas un rival de l’être humain, ni une contrainte, ni un monarque absolu comme a pu le faire une certaine tradition ecclésiale. (p. 27)
Ce n’est pas non plus un Dieu qui nous menace, qui demande soumission ou qui s’impose.
Au contraire, il est le secret et le fondement de notre valeur et de notre liberté.
La découverte du « petit pauvre » (poverello) François d’Assise, le fait entrer en contact avec un Dieu étonnamment différent, car il est à sa manière lui-même un « pauvre ». Le vrai Dieu n’est pas un Dieu dominateur imbu de lui-même.
Dieu n’est pas une limite. Il est plutôt la source des possibilités de l’être humain, qui nous respecte et par lequel nous pouvons atteindre la liberté comme libération. (p. 22)
« Dieu, c’est quand on s’émerveille », disait Maurice Zundel.
Le Dieu que Zundel découvre dans son propre cheminement est le Dieu de la vie, celui qui invite constamment à reconnaître sa présence dans tout ce qu’il y a de merveilleux dans la création. (p. 21)
Il est un Dieu de tendresse et de vie dont la présence discrète se fait ressentir dans le monde, pour qui sait voir.
Savoir discerner la présence de Dieu dans toutes les dimensions de l’univers et de l’existence. (p. 21)
La mystique? Non pas un éloignement de la réalité, mais, au contraire, un approfondissement de la vie pour y discerner la présence même de Dieu. (p. 18-19)
La force du témoignage de vie
Maurice Zundel insistait tout particulièrement sur le témoignage de notre vie. C’est dans la mesure que nous faisons nous-mêmes l’expérience de Dieu que notre parole deviendra crédible. (p. 24)
Le secret est le dialogue silencieux avec Celui qui nous habite.
En le regardant, nous cessons par le fait de nous regarder, et ce dialogue a pour effet de nous transformer en nous libérant d’une préoccupation excessive de nous-mêmes.
Un être libéré de lui-même, ça se sent, car il ouvre par sa seule présence, un espace de lumière et d’amour. (p. 26)
C’est cela devenir la transparence de Dieu et être vivant de la vie même de Dieu. (p. 26)
Vivre en profondeur a pour effet même d’éveiller les profondeurs des personnes que nous rencontrons, de les atteindre dans leur intimité en quelque sorte, et cela, tout en douceur. (p. 26)